Le Cycle de Pern
(Anne McCaffrey)
Pour ce premier article « Old School », je vais parler d’un cycle. Ou, tout du moins, de la partie que j’aime beaucoup d’un cycle plus important : le cycle de Pern, d’Anne McCaffey, un monument de la science-fantasy.
Disclaimer : Je suis très loin d’avoir tout lu dans le cycle. Ce sera donc basé sur 3 tomes de l’intégrale Pocket (que vous pouvez voir ici), sur les 5 existants.
Je vous rappelle ma structure de critique, le Quoi / Que / Qu’est-ce :
- De quoi ça parle ?
- Que peut-on en dire ?
- Qu’est-ce que j’en pense ?
(De) Quoi ? (ça parle)
Le Cycle de Pern est un ensemble d’histoires sur la colonisation et la survie d’une population humaine sur une planète extra-terrestre, Pern, au fil des siècles, marqués par un cycle de dangers extra-planétaire, à savoir une pluie d’organismes non-intelligents voraces, surnommés les « Fils » à partir de leur apparence lors de leur chute, qui se produit en un front similaire à un orage.
Le genre ?
Le premier roman (L’aube des Dragons) est la science-fiction d’exploration. Les autres sont considérés comme de la science-fantasy, avec un niveau technologique qui s’est réduit, à la fois dans sa disponibilité, mais aussi dans sa compréhension
Les romans ?
Les romans suivants sont dans les 3 tomes d’intégrale que j’ai lu :
- Intégrale I
- L’aube des dragons
- Les dauphins de Pern
- L’œil du dragon
- Intégrale II
- La dame aux dragons
- Histoire de Nérilka
- Les renégats de Pern
- Intégrale III
- Le maître harpiste de Pern
- Le vol du dragon
- La quête du dragon
Le monde ?
Pern est une planète habitable, trop éloignée et trop pauvre en ressources pour justifier une colonisation des Planètes Intelligentes Fédérées. Elle n’est toutefois pas vide de ressources, en particulier pour une civilisation avec une technologie modérée.
Un point intéressant est le système solaire dans lequel elle se trouve, avec une planète ayant une orbite très excentrée, qui leur apporte les Fils à intervalle régulier.
Les personnages ?
On a, comme pour le genre, une séparation entre l’aube des dragons et le reste des autres romans :
- Dans l’aube des dragons, on a des colons, souvent scientifiques ou héros et vétérans d’une guerre spatiale venant de se terminer. Et puis on a leurs enfants, nés sur Pern ou non, qui grandissent dans ce nouveau milieu.
- Dans les autres romans, on retrouve un système similaire :
- des chevaliers-dragons, dont le rôle est de chevaucher des dragons pour combattre les chutes de Fils, qui sont regroupés en « Weyr », à la fois le lieu où ils sont regroupés et la structure politique associée
- des forts, dirigés par des seigneurs, qui sont en gros les nations de Pern, mais basés sur les habitations, vitales en cas de chutes de Fils
- des ateliers, spécialisés dans un aspect technique ou culturel (éleveurs, guérisseurs, …), qui sont globalement des confréries internationales
- Enfin, last but not least, les dragons. Ce sont des formes de vie locales, de taille modeste, qui crachent le feu, modifiées génétiquement pour devenir assez grands pour porter un cavalier et avoir un lien télépathique extrêmement fort avec leur cavalier, lien qui s’établit à l’éclosion du dragon. Ils sont modérément intelligents, avec parfois des réactions instinctives, mais ce sont eux-aussi des personnages.
Que ? (peut-on en dire)
Je vais faire plus court ici que pour une critique d’un livre isolé.
Le cycle ?
Alors, premier point, c’est une série, et pas une saga. C’est à dire que ce n’est pas une histoire qui se découpe de plusieurs livres / tomes (comme le Seigneur des Anneaux ou la Roue du Temps), c’est un ensemble d’histoires indépendante qui sont liés, qui se référencent, mais qui ont chacun leur trame indépendante.
Les points forts ?
A mon sens, il y a 3 points forts :
- les personnages
- on a pas mal de personnages humains différents : entre les différentes castes (chevaliers dragons, gens des forts, gens des ateliers), qui sont souvent crédibles et intéressants.
- les dragons rajoutent une touche bienvenue.
- l’évolution de la société
- la langue, les techniques, les connaissances … Cela donne un monde dynamique, au fil des récits. Paradoxalement, ce sont ces changements qui donnent une unité.
- les romances
- il y a souvent des romances, mais rarement au premier plan, et rarement problématiques. Et ça c’est bien : ce ne sont pas des sources bon marché de tensions, avec les traditionnels quiproquos / triangles amoureux, mais plutôt des sources positives. Il y a des tensions qui y sont associées, bien sûr, mais pas systématiquement, et il n’y a pas que ça.
Les points faibles ?
Bon, ici j’ai un peu de mal à en trouver. Certains romans sont moins intéressants que d’autres, mais en fait, je n’ai pas de reproche majeur à faire. Ah, si ! Dans l’œil du dragon, la romance entre la dame et le seigneur du Weyr se conclut par le seigneur se mettant en colère (pas contre elle, heureusement), et la dame le respecte vraiment / tombe réellement amoureuse de lui à ce moment-là. Associer la colère à l’amour, c’est assez moyen, en fait …
Qu’est-ce ? (que j’en pense)
Alors, j’aime beaucoup, mais pas tout 🙂
On va déjà évacuer une critique de forme : le second roman de l’intégrale I, Les dauphins de Pern, possède un prologue qui se passe chronologiquement les deux autres romans du tome, puis tout le reste du roman qui se passe chronologiquement beaucoup, beaucoup plus tard (au moment des romans des tomes IV et V, en fait). Même si c’est aussi probablement également pour garder les deux premiers romans du tome II ensemble (La dame aux dragons et Histoire de Nérilka), c’est déroutant. Et, ça renforce le fait que je n’aime pas les prologue (je ne sait pas si je l’ai déjà dit, mais sinon, je le répéterais assez souvent. Des mauvais prologues, j’en ai des exemples. Des prologues qui se lisent, mais qui au final n’apportent rien, aussi. Des bons prologues ? J’en cherche, et je n’en n’ai jamais trouvé …)
J’aime beaucoup les descriptions des évolutions entre les différents romans, qu’on peut suivre en terme de traditions, de technologie, de langage. C’est même le sujet de certains romans, et j’aime beaucoup.
J’aime beaucoup (et ce n’est pas gagné de ma part) les romances secondaires. Entre autre parce que ces romances ne sont pas utilisées artificiellement des tensions entre les personnages. Ce ne sont globalement pas des sources de problème, mais au contraire des sources de stabilité.
Après, je préfère de loin les premiers romans, dans l’ordre chronologique : L’aube des dragons et L’oeil du dragon en particulier, mais aussi La dame aux dragons et l’Histoire de Nérilka.
- L’aube des dragons
- Le plus atypique par rapport aux autres romans du cycle. J’aime beaucoup : c’est un roman de Hard SF d’exploration, qui permet de voir l’évolution de la colonie, de son installation jusqu’à l’adaptation finale qui va leur permettre de rester sur Pern de façon pérenne, sur plusieurs années. On a la première romance avec Sean et Sorka, qui est juste une tâche de fond, mais qui en est d’autant plus satisfaisante.
- L’œil du dragon
- Le premier passage des fils a eut lieu dans L’aube des dragons, ici on voit les instant précédant immédiatement le second passage. On voit la dégradation technologique, et la trame tourne autour des adaptations à faire pour définitivement pérenniser leur mode de vie. Et une seconde romance, un peu plus détaillée, entre Iantine et Debera, une jeune chevalière-dragon, qui est sûrement ma romance préférée du cycle.
- La dame aux dragons
- Histoire de Nérilka
- Je vais parler de ces deux romans en même temps, puisqu’ils se passent exactement en même temps. Ils sont beaucoup plus sombres, puisqu’ils se passent aux cours d’une pandémie, en s’attachant soit au point de vue de Moreta, une chevalière dragon qui dirige un weyr, soit à celui de Nérilka, la fille du seigneur égoïste d’un Fort. Ils sont tragiques (et d’actualité, on pourrait dire, ces derniers temps), et on retrouve toujours un élément de la trame sur l’évolution des connaissances, ici via la redécouverte d’un savoir quasiment perdu.
Bref, au final, j’aime beaucoup, et je relis régulièrement ces romans. C’est typiquement la vieille SFFF que j’aime. Est-ce que c’est parfait ? Non. Mais c’est quand même très très bien, et ça le reste, même après 40 ans (1983 pour La dame aux dragons, le premier publié dans les quatre que je cite ci-dessus).
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