Ceux qui vivent du sang versé

(Crazy, éditions du 38)

Pour inaugurer les critiques, je vais vous présenter mon coup de cœur de 2020 : Ceux qui vivent du sang versé.

Je vais en profiter pour inaugurer la structure de mes critique, le Quoi / Que / Qu’est-ce !

Dans le détail :

  • De quoi ça parle ?
  • Que peut-on en dire ?
  • Qu’est-ce que j’en pense ?

(De) Quoi ? (ça parle)

En trois mots, C’est une romance d’urban fantasy, lauréate du prix Aventuriales 2020, disponible en grand format et en numérique, sorti fin 2019. C’est également le premier roman de l’autrice, Crazy. Je vous laisse la quatrième de couverture :

Février 2012, Chicago. 

Paul, employé modèle, ne vit que pour son travail : assassin au service d’une agence internationale. Lorsque, démasqué par sa cible, il s’allie à sa voisine de cellule afin de s’échapper, il ne s’attend pas à découvrir que les vampires existent et que Carmilla, cette jeune femme sensible et pacifiste, est la dernière d’entre eux. 

Juillet 2012, Pontoise. 

Mortellement blessé, renié par ses employeurs, Paul se réfugie chez Carmilla, seule capable de le sauver. L’enquête qu’ils vont mener pour laver son nom bouleversera leur vie à tous les deux.

Ceux qui vivent du sang versé, 4ème de couverture

Le monde ? Le nôtre en 2012, avec un twist : l’existence de créatures surnaturelles, comme les vampires ou les loups-garous … Avec un contre-twist : ils sont tous morts, à part quelques humains liés au surnaturel (humains améliorés, anciens serviteurs de vampires, …). Du coup, on a une dynamique inhabituelle dans le paysage d’urban fantasy classique.

Le style ? Même s’il ne réponds pas aux tropes habituels de la romance, c’en est une. Ce n’est pas un livre d’action (même s’il y en a), ni d’enquête (malgré ce dit la quatrième de couverture). Le livre est fondé sur l’alternance stricte entre les points de vue de Paul et de Carmilla, faisant avancer l’histoire à chaque fois. Et puis, il y a un côté doux-amer qui me plait beaucoup …

Les personnages ? Je vous laisse les découvrir, mais Carmilla est une vampire savoureuse. Sensible et pacifiste, comme le dit la quatrième de couverture, c’est aussi une geek. Paul se révèle plus tard, mais possède également un traitement intéressant. Et les autres ? Ce n’est pas tellement les autres personnages vivants qui sont importants, mais les morts, au travers des souvenirs des deux protagonistes.

Que ? (peut-on en dire)

Est-ce que c’est original ?

Oui ! J’avoue ne pas être un expert de l’urban fantasy, et encore moins de la romance, mais la combinaison est inhabituelle. De la même façon, le fait que Carmilla soit la survivante dans une monde surnaturel disparu est original.

Le degré de puissance des personnages est aussi intéressant : on suit deux personnes qui sont parmi les plus puissantes qui existent dans leur monde. Sincèrement, ce serait une partie de jeu de rôle, ce serait des gros bills, par rapport au reste du monde. Et pourtant, ce n’est pas le sujet, et c’est bien : on n’a pas des débutant qui luttent et réussissent malgré leur inexpérience. On a des personnages expérimentés, compétents, puissants, qui réussissent ou échouent, mais de façon plausible.

Les points forts ?

Pour moi, le point fort, c’est l’impression d’ensemble. Il n’y a pas un point exceptionnel, l’ensemble est bien. Et pas comme une collection de points forts, vraiment comme un tout.

Toutefois, si je devais en isoler deux : les personnages et la structure du récit. Et, si je me permets d’insister, ces deux points sont en partie liés, j’en parlerais plus bas.

Les points faibles ?

Honnêtement, je n’en vois pas. Ce qui s’en rapproche le plus, c’est, lors de la première lecture, j’ai eut une surprise sur le déroulement de l’histoire, et j’ai eut peur qu’une partie du roman soit du remplissage … Et puis en fait quand j’ai regardé à nouveau mon avancement, j’étais quasiment à la fin, sans l’avoir vue arriver.

Les personnages ?

Ah, les personnages ! C’est un roman à personnages, donc forcément, il y a des choses à en dire.

  • Paul et Carmilla : les deux personnages principaux. Ils sont l’histoire, et leur dynamique est intéressante. J’avoue une nette préférence pour Carmilla, la plus « humaine » des deux, mais c’est plus lié à la dynamique du récit. Ceci dit, Paul, qui est le plus froid des deux reste intéressant. Il aurait été facile de n’en faire qu’une machine à tuer … Et ce n’est pas ce qu’il est.
  • Les personnages secondaires : ce ne sont pas les personnages importants. Certains le sont plus que d’autres, mais ils sont à leur place, discrets, sans pour autant sembler artificiels.
  • Les « anciens » : l’autre point fort en terme de personnages, c’est ceux qui sont morts, en particulier les anciens vampires. Les descriptions de Carmilla les rendent vivants. On n’a pas de grands discours, de grandes descriptions, mais juste des anecdotes, des remarques qui en sont d’autant plus efficaces, et qui expliquent ce qu’est devenue Carmilla. Si elle contraste avec Paul dans le présent, ses amis vampires sont son contraste dans le passé. Et, encore une fois, on n’a pas le détail des combats, des affrontements, ce qui serait compréhensibles avec des vampires : on a leur vie commune.

La structure du récit ?

Le second point fort que je cite. Pourquoi ? Parce que c’est une stricte alternance de chapitre entre Carmilla et Paul. Uniquement eux deux, avec le titre de chapitre qui est un rappel de « l’identité courante » de celui ou celle qui a le point de vue. Du coup, cela concentre réellement le récit sur leur histoire, qu’on voit progresser, avec, pour chacun d’eux, leurs doutes, leurs envies.

Ça parait simple, dit comme ça, mais c’est extrêmement adapté au récit, et le titre de chapitre apporte réellement quelque chose, pour une fois. Entre Paul, qui navigue entre plusieurs alias (déformation professionnelle oblige) et Carmilla, qui décrit également la façon dont elle se voit, ça fait partie des rares titres de chapitres qui apportent réellement quelque chose. Pas forcément quelque chose de majeur, mais cela s’intègre le reste, et le complète

La trame ?

On est sur un autre élément original : il y a trois trames. Les deux premières sont citées dans la quatrième de couverture, et la dernière est le final. Elle sont indépendantes, mais s’emboitent parfaitement : chacune prépare la suivante, qui commence avec un saut temporel et un changement.

En fait, on pourrait presque parler d’un fix-up, avec deux parties et une conclusion pour les lier. Mais c’est plus que deux textes reliés entre eux : c’est un tout.

Qu’est-ce ? (que j’en pense)

Le plus grand bien ! Et, manifestement, je ne suis pas le seul, avec le prix Aventuriales 2020, ou les notes sur les sites littéraires (4.21/5 sur Babelio, 17.6/20 sur Livraddict, par exemple).

Et surtout, c’est devenu mon livre-doudou. C’est quoi, un livre doudou ? C’est les livres (généralement, il n’y en a qu’un en même temps, mais c’est pas foncièrement exclusif) que j’aime bien relire quand j’ai *besoin* de lire, mais que je ne veut pas prendre le risque d’être déçu. Parce que j’ai un coup de blues, parce que je suis crevé, parce que rien d’autre ne me tente à ce moment-là. Mon doudou précédent, c’était une relecture sélective des Enfants de la Terre de Jean M. Auel, que j’aime beaucoup malgré ses défauts. Là, je n’ai pas de défaut à lui reprocher, tout simplement, et la découverte de l’histoire lors de la première lecture fait place à une satisfaction de la revoir se dérouler.

A noter que d’après le blog de l’autrice, il y a deux projets dans le même univers, qui me font très envie …. Plus un projets SF qui a également l’air alléchant, d’après ce qu’elle a pu en partager.

(Bon, je ne cracherais pas sur les préquels centrés sur certains personnages de Ceux qui vivent du sang versé, aussi. Charles, Manoel, Théo : j’adorerais lire leur histoire. On a quelques détails, on devine des choses inhabituels, des personnages exceptionnels, pas en terme de puissance mais en personnalité. Avec le reste du tableau fait de la société d’avant, cela pourrait être intéressant)

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