La création du monde, telle qu’enseignée aux enfants nains

Au commencement était le Tout. A ce moment, le Tout était Un, et Un était le Tout. Puis
lentement, le tout se sépara. Le Tout ne fut plus Un, et finalement, le Tout fut multiple. Et à cet
instant, le Tout cessa d’exister.
Au commencement, après la séparation du Tout, furent Deux éléments: le premier était ce que
restait du Tout, que certains appellent le Presque Tout, mais ce fut le second qui fut le plus
intéressant. Au début, ce fut une graine, un point au centre du Presque Tout, mais un point fixe. Et
ce point fixe grossit, grossit, et le Presque Tout diminuait encore plus vite. A sa naissance, il n’avait
pas de nom, mais bien vite on l’appela « Matière ». Matière absorbait le Tout, et en retenait quelque
chose. Mais matière faisait plus que de retenir une partie du Tout: ce qu’elle ne retenait pas,
disparaissait. Ainsi, pour la première fois, le Tout originel fut brisé.
Matière grossissait. Le Tout n’avait pas eut de forme ou de structure, mais Matière en avait une.
Encore aujourd’hui, on peut voir la forme de Matière dans les cristaux qui parsèment nos mines.
Mais à l’époque, il n’y avait pas encore de mines, juste Matière et le Presque Tout. Et puis … Matière
s’arrêta. Elle était là, mais elle avait absorbé tout ce qu’elle pouvait du Presque Tout.
Presque Tout, en revanche, luttait pour ne pas prendre de forme. Matière l’attirait et le repoussait à
la fois. Un instant, Presque Tout entourait Matière, l’instant d’après, ils étaient séparés par du rien …
Mais cette alternance affaiblissait le Presque Tout, et finalement, furent Trois éléments: le Presque
Tout, qui s’éloignait des deux autres, Matière, droit et immobile, et un reste de Presque Tout qui
entourait Matière, encore agité des soubresauts de Presque Tout.
Le nouvel arrivant se répartit autour de Matière. Mais là où Presque Tout n’avait pas de forme, et
où Matière avait sa forme immobile, le nouvel arrivant avait une forme changeante. Essence,
comme il fut appelé, entourait Matière, parfois en contact étroit, parfois en s’éloignant, mais sans
jamais en être séparé.
Matière et Essence parvinrent à un équilibre: Matière était le centre, et Essence la périphérie,
bougeant et ondulant comme il le désirait.
Mais Presque Tout, à l’écart, regrettait leur départ. Il se sentait diminué, et cherchait à reprendre les
possibilités que Matière et Essence lui avaient dérobées. Toutefois, quand il s’approchait, il
rencontrait Essence. Et Essence le laissait approcher, mais Essence s’adaptait à Presque Tout. Alors
celui-ci se tendait vers Matière, mais Matière résistait à Presque Tout. Frustré, Presque Tout se
retira, mais, même éloigné, Matière et Essence l’influençaient. Par leur seule présence, des
possibilités disparaissaient de Presque Tout. Presque Tout prit peur, et prit une décision: lui aussi
allait évoluer, avant que Presque Tout ne devienne Presque Rien. S’éloignant encore des deux
autres, il se scinda en trois.
Presque Tout n’était plus: mais, par son sacrifice, naquirent trois autres éléments. Le premier
s’élança vers Essence, et se mit à vibrer avec lui, en unisson. Musique, car c’était son nom, trouva
les mouvements d’Essence parfait, les imita, et finalement les influença. Et Musique coexista avec
Essence.
Le second mis un peu plus de temps à se rassembler, mais s’élança bientôt vers les trois autres.
Lumière arriva quand Essence et Musique vibraient ensemble, en laissant Matière à nu. Alors,
Lumière frappa Matière, et le traversa. La sensation les surprit tous les deux, une sensation
inconnue, et enivrante. Voulant recommencer, ils attendirent qu’Essence et Musique s’écartent de
nouveau, et recommencèrent. Lumière, en pénétrant Matière, changeait. Sa forme se séparait, puis
se reformait, puis se re-séparait, une peu différente à chaque fois. Pourtant, en sortant de Matière,
Lumière avait retrouvé tout sa forme initiale.Le dernier élément fut le plus long à se mettre en route. Se quatre camarades étaient frustres:
Essence et Musique se suffisaient de leur vibrations communes, et Matière et Lumière passaient
leur temps à leurs traversées. Mais le dernier élément contenait toute la volonté de Presque Tout, et
fut appelé Esprit. Esprit réfléchit longtemps, puis ils s’approcha des autres. Patient, Esprit
commença à communiquer avec Essence et Musique, et il leur apprit de nouvelles vibrations. Ceux-
ci, enchantés, le laissèrent passer et leur murmurer des secrets. Esprit, ce qui restait du Presque
Tout, leur transmis des rêves, des envies, des vibrations … Ainsi, Esprit réussit à contrôler Essence
et Musique.
Mais Esprit voulait tout contrôler, à défaut de pouvoir encore contrôler Tout. Alors, Esprit de glissa
jusqu’à Matière. Il observa Lumière entrer dans Matière, puis en ressortir. Alors il eut une idée: leur
parlant, il leur montra de nouvelles choses. Il apprit à lumière à se séparer, à changer, à ricocher. Il
apprit à Matière à faire de subtils changement, qui surprenaient Lumière quand il les rencontrait.
Mais ils ne voyaient pas qu’au final, ils obéissaient à Esprit. Et ils changeaient. Petit à petit, Esprit
les fit changer, jusqu’à ce que qu’ils furent à lui. Alors, Esprit fut content, car Esprit contrôlait
maintenant Presque Tout – ou en tout cas, ce qui en restait-.
Un long moment passa, où Esprit fut satisfait de contrôler Matière, Lumière, Essence t Musique.
Mais ce temps se finit, et Esprit devint impatient. Il ordonnait aux autres de changer, et ceux-ci
changeaient, mais ces changement ne le satisfaisaient plus. Alors il se retira, et réfléchit. Et il lui
vint à l’idée que c’était la connaissance qui l’affligeait. Les autres ? Ils ne pouvaient pas innover
d’eux-même. Lui le pouvait, mais il savait ce qui se passerait avant d’effectuer le changement. Alors
Esprit retourna réfléchir, laissant les autres à leurs simples plaisirs.
Plus tard, beaucoup plus tard, Esprit ressortit de ses réflexions, en sachant ce qu’il fallait faire. Il
retourna voir les autres, et les influença plus que ce que tout ce qu’il avait pu faire jusqu’à présent.
Il parla à Matière, et Matière changea. Matière s’étendit, s’arrondit, et Matière changea. Ici et là, des
poches de Matière originale subsistaient, et ce sont les gemmes et cristaux que l’on retrouve dans
nos cavernes. Mais ailleurs, Matière s’affaiblit, s’assombrit, ou au contraire s’éclaircit, s’effrita, se
rassembla. Ainsi fut naquit la Terre.
Lumière était inquiète, mais Esprit lui parla. Esprit lui montra comment surveiller Matière. Esprit
lui dit de tourner autour de Matière, pour pouvoir l’éclairer de tous les côtés. Esprit lui montra
comment éclairer l’ancienne Matière, ainsi que toutes les nouvelles formes de Matière. Ainsi naquit
le Soleil.
Essence les entourait toujours, se demandant vaguement ce que signifiaient ses changements. Alors,
Esprit vint aussi lui parler. Il lui montra les creux au sein de la terre, de ce qui était autrefois
Matière. Il lui montra comment jouer avec Lumière, et celle-ci fut enchantée de ce nouveau
compagnon. Il lui montra comment bouger sur Matière, ou au-dessus d’elle. Ainsi naquirent les
Mers, les Lacs et les Rivières. Ainsi naquirent les nuages, les pluies et les brouillards.
Musique commençait à s’inquiéter, maintenant seule, mais Esprit vint enfin à elle. Il lui montra le
monde, et lui montra les rythmes. Matière, qui changeait. Lumière, qui apparaissait ou disparaissait.
Essence, qui s’écoulait, s’élevait, retombait. Alors Musique se joignit aux autres, et ainsi naquit la
musique du monde naturel, des grondements de la roche au sifflement du vent, à la surface.
Esprit regarda le monde, ce qui restait de ses quatre acolytes, mais il était encore insatisfait. Tout
était encore trop prévisible, et, quand il tentait d’introduire un nouveauté, celle-ci cessait
instantanément de l’être, puisqu’il savait aussitôt ce qui allait advenir. Alors, Esprit su ce qu’il devait
faire. Rassemblant son courage, Esprit se brisa en une pluie d’étincelles, qui tomba sur le monde.Chaque étincelle réagissait avec ce qu’elle rencontrait. L’étincelle qui sera les elfes tomba sur
Essence. Celle qui sera les hommes tomba à mi-chemin des quatre éléments. Mais la plus grosses
étincelle fut emportée vers le centre de Matière, et ne réagit qu’au centre de ce qui était maintenant
la terre, avec une faible influence des autres éléments. Cette étincelle était ce qui restait d’Esprit, et,
avant de renaître, elle fut témoin de la vie qui naissait partout sur la terre. L’étincelle qui fut Esprit
sourit, et fut heureuse, avant de changer à son tour. Plus tard, des formes émergèrent de cet endroit,
touché par la plus part d’Esprit: nos Pères et nos Mères, nés au sein de la Terre, et héritiers d’Esprit.
Ainsi naquirent les Nains.